7 Mars 2084

Cela fait quelques jours que je voyage. 

Les voyages sont beaucoup plus lents aujourd’hui. Quelques-uns prennent encore l’avion pour de très longues distances mais le nombre de vols a été considérablement réduit par rapport à ce que vous vivez et voyez au quotidien. 

On ne passe plus un Week-end à Venise, au Maroc ou à Ibiza, ce serait considéré comme une aberration. Plus personne ne fait ça. 

Par contre on marche sans problème 6 mois au Maroc, on part à l’aventure à Venise, on navigue à la voile vers Ibiza. Les gens voyagent beaucoup plus, mais plus lentement et sur des temps plus longs. Le voyage, par lui-même, c’est le voyage. 

Cela fait dix jours que je voyage. J’ai quitté le hameau avec un petit groupe de personnes pour voir ce qu’il se passe à l’extérieur, pour apprendre, pour comprendre, mais surtout pour rencontrer, pour échanger, pour me nourrir encore et encore de toutes ces expériences, de ces modes de vie, de ces nouveaux métiers, et de cette joie de vivre que je rencontre partout.

Cela fait dix jours que je voyage sur la route, à pied, en vélo, en bus de lignes, en train. Je vous ferai découvrir tout ca.

Cela fait dix jours aussi que je me pose des milliers de questions. Cela fait dix jours que je tourne autour du pot. Comment vous parler de cette Ré-évolution, enclenchée par vous, aujourd’hui, maintenant, par vous, chez vous, dans votre temps, dans votre monde ?

 Je ne peux évidemment pas vous parler et vous décrire certains des événements qui font partie de mon histoire mais qui sont encore votre futur. Je ne peux pas vous parler de certaines découvertes sans changer le ligne du temps. Vous les découvrirez en leur temps, dans votre temps.

Je peux en revanche vous partager quelques moments d’archives, glanés ici et là, en pesant de façon délicate ce qui est de l’ordre de l’histoire anecdotique et ce qui est des moments structurants et essentiels.

Il y a deux jours j’ai eu la chance de rencontrer François, un homme délicieux, quatre-vingt dix ans. Peut être d’ailleurs lira t’il ces lignes, tout comme vous. François est l’un de vous, aujourd’hui un historien passionné, qui a consacré une grande partie de sa vie à constituer un magnifique dossier d’archives.

J’ai rencontré François dans un jardin, un magnifique jardin communal comme il en existe partout, dans tous les villages de France et partout sur Terre. La nouvelle de ma venue a été plus rapide que mon déplacement et il m’attendait. Je suis souvent attendu, partout. Je le sais. Les gens me le disent.

Pour autant, merci à eux, je ne suis ni une star, ni l’objet d’un fétichisme idolâtre, je suis juste une curiosité comme tout nouveau visiteur, tout nouveau voyageur, une source d’information, l’objet d’une saine curiosité qui pousse à la rencontre, au dialogue, à l’ouverture. Avec François nous avons jardiné une bonne partie de la matinée, sous les serres et en extérieur, puis il nous a invité chez lui.

Nous avons beaucoup échangé. Il m’a montré sa magnifique collection d’archives, photos, coupures de journaux, films, vidéos amateur et professionnelles. Il a un véritable don pour raconter les histoire et pour illustrer l’Histoire, la grande, celle qui se créé des mouvements globaux.

Nous avons passé deux jours ensemble. Nous avons regardé des centaines de documents, de films, écouté des dizaines d’interviews.

Et parmi tout ce qu’il m’a montré il y a une séquence que je voulais vous partager.

Cela s’est passé le 10 septembre 2025. Pour vous c’est un épisode qui n’existe pas encore mais pour lequel j’ai la permission de vous narrer ce que j’ai appris, ayant été décidé que quoi que vous fassiez, dans votre futur proche, cela n’aurait finalement aucune importance sur votre futur commun et probablement aucun impact sur mon futur particulier.

Mercredi 10 Septembre 2025 de 9 :00 à 11 :00

Mercredi 10 septembre 2025 à 9 :32 station du RER A Place de l’étoile à Paris

Il est donc 9 heures et 32 minutes, place de l’Etoile, quand une rame à deux étages allant vers l’ouest débarque 1500 passagers sur le quai. Les images sont criantes de vérité. Cette foule inhabituelle sort en silence vers le haut des champs Elysées. Une minute plus tard à nouveau 1500 personnes, peut-être même un peu plus, descendent sur ce même quai, d’une autre rame allant vers l’Est.

Ces 1500 personnes supplémentaires débouchent en haut des Champs Elysées et descendent, elles aussi, l’avenue. C’est assez inhabituel pour un mercredi matin, aussi tôt, de voir autant de monde, sortir du métro et descendre la pompeusement nommée « plus belle avenue du Monde».

9 :38 deux rames des métros 2 et 6 dégueulent à leur tour et de la même station un peu plus de 1000 personnes supplémentaires inondant l’avenue comme un ru qui devient crue à la suite d’un épisode cévenol. Les images sont filmées par les personnes elles mêmes ou par des drones qui survolent cette petit marée humaine. C’est assez impressionnant à regarder et fascinant en même temps de réalisme vivant, c’est vraiment un reportage sur le vif.

9 :55 Deux rames de la ligne 9 débarquent à leur tour un peu plus de 1000 nouvelles paires de jambes à la station Franklin Roosevelt. Il y avait probablement quelques unijambistes ou personnes en fauteuil mais ils n’ont pas été comptés, l’ordre de grandeur restant le même.

10 :00 c’est au tour de la ligne 13 d’apporter son obole et c’est encore un paquet de 1000 qui sort des escaliers en une file silencieuse et joyeuse à la station Champs Elysées Clémenceau.

10 :00 au même moment les lignes 1, 8 et 12 crachent, comme sortis d’une fourmilière géante, une foule bigarrée sur la place de la Concorde où s’implantent instantanément et dans un silence quasi religieux des dizaines, des centaines de pieds photos, de caméras et de portables.

De l’autre coté de la Seine une foule toute aussi joyeuse et déterminée traverse le pont qui vient de l’Assemblée Nationale, précédée d’une douzaine de tracteurs agricoles et d’engins bien loin de leurs chantiers respectifs en direction de l’obélisque qui protégeait il y a près de 40 siècles l’entrée du temple de Louxor.

10 :10 les quelques milliers de citoyens qui se sont réunis là, 10.000, peut être 12.000 maintenant, mettent autour de leur bras, et à l’unisson dans une chorégraphie gigantesque, un brassard blanc orné d’une coquille Saint Jacques frappée d’un mot, comme un blason #TheHumanShell.

10 :15, plus de 4000 manifestants entourent le palais de l’Elysée. La garde républicaine en faction revêt elle aussi le fameux brassard au coquillage.

10 :25 le couple présidentiel et une vingtaine de conseiller proches du président, sont sortis du palais de l’Elysée par le service sensé les protéger sous l’œil de milliers de personnes et de téléphones portables au chant des 7 couplets de la Marseillaise et le refrain associé, y compris le couplet des enfants repris à l’unisson par les centaines de bambins et adolescents présents, chantés en boucle continue. C’est bien la première fois que j’entends, même à 60 ans de distance, notre hymne national chanté en entier. Un peu surpris au début, le chant ne s’arrête pas au premier couplet.

4 chevaux élégants et parfaitement apprêtés de la garde républicaine ouvrent ce cortège étrange. Le Président et son épouse sont bâillonnés, encordés à un magnifique étalon bai qui marche au pas, superbe d’élégance, empruntant un petit bout de l’avenue de Marigny, laissant à main gauche la Fontaine de la Grille du coq pour s’engouffrer dans le bas des Champs Elysées et parcourir les 500 mètres qui les séparent du centre de la Concorde.

Il faut environ 15 minutes pour que tout cet équipage arrive au milieu de la place, noire de monde et de projecteurs improvisés, de smartphones brandis comme des centaines de caméras, et des dizaines de journalistes et équipes de média traditionnels, TV, Radio et Internet..

Le président est amené là, juste devant l’obélisque, il est mis à genoux, une femme détache son bâillon. Sur les images aériennes on le voit clairement crier, il hurle, quelque chose, une phrase, des invectives que personne ne comprend. Sa voix ne porte pas. Dans toutes les images et films qui m’ont été données de voir, au sol comme aérien, face à la ferveur des 10.000 chanteurs amateurs enivrés par notre hymne révolutionnaire, sa voix est muette, ses cris inexistants, sa rage, sa plainte et sa peur finalement parfaitement inutiles aussi.

Il est allongé sur le dos, sur un gros tronc de bois dont deux faces parallèles font banc. Sa tête repose sur un énorme tronçon de chêne séculaire qui fait office de billot. Et alors que le chant s’arrête sur ce fameux couplet « abreuve nos sillons », dans un cours instant de silence, le système hydraulique d’un magnifique tracteur 200 cv de marque Renault soulève la masse de 300 kg d’un enfonce pieux qui sert habituellement à planter les poteaux d’acacias tuteurs aux jeunes arbres plantés par la Ville de Paris. Et alors que le premier couplet s’achève la masse de fonte s’abat sur la tête du président en exercice en un bruit sourd presque anecdotique et sans aucun intérêt sonore particulier.

Visuellement c’est autre chose, une giclée annulaire et horizontale jailli du billot, assez peu sanguinolente et presque décevante, d’un mélange de liquide et tissus cérébraux, laissant un tronc sans vie, sans tête, sans identité, à la base duquel un cou écrasé laisse couler un bon litre de sang chaud sur le parvis de cette magnifique place ensoleillée aux pavés séculaires.

Sa mort est aussi instantanée que la disparition complète de son crâne. Son épouse, veuve spectatrice temporaire et en sursis de statut de défunte hurle dans le silence respectueux de cette foule focalisée sur sa propre révolution. Ce cri, compréhensible et encore humain est parfaitement capté par les milliers de téléphones portables et de caméras qui ont filmé la scène.

Il y a 5 ou 6 secondes de silence, comme un flottement dans une journée qui marquera l’histoire et puis le refrain reprend :

Allons ! Enfants de la Patrie !

Le jour de gloire est arrivé !

Contre nous de la tyrannie,

L’étendard sanglant est levé ! (Bis)

Entendez-vous dans les campagnes,

Mugir ces féroces soldats ?

Ils viennent jusque dans vos bras

Égorger vos fils, vos compagnes

La première dame remplace son mari sur ce haut lieu des sacrifices du jour, tandis que le corps sans vie et sans identité du président est jeté dans un broyeur à banches de grande capacité emprunté par des agents municipaux à la Ville de Paris.

Les restes d’humains remplissent une grande benne à végétaux mise là pour la circonstance.

Aux armes, citoyens !

Formez vos bataillons !

Marchons, marchons !

Qu’un sang impur…

Abreuve nos sillons !

Pom, Pom, Ploootch….

Et réglé déjà comme la partition de musique de l’ensemble harmonique de la garde républicaine, le crâne de la veuve temporaire subit le même sort éclatant que celui de son mari prédécédé. Le premier mort était spectaculaire. Le second est déjà une routine. Tous les autres suivront à un rythme métronomique, 15 secondes pour jeter le corps devenu anonyme dans le broyeur à branche, 50 secondes pour le couplet et son refrain, une exécution magistrale toutes les 1 minute et 10 secondes, parfois 5 à 10 secondes de plus en fonction de la capacité de tous ces condamnés à se débattre un peu ou à s’évanouir totalement.

Moi qui n’ai pas assisté à l’événement et qui ne peux vous en faire part, avec mes presque 6 décennies de recul et exclusivement sur la base des quelques images et vidéos qui sont parvenues jusqu’à moi, j’ai été surpris, même étonné, de voir avec quelle résignation les centaines de victimes de cette première journée de purge se laissaient conduire à l’échafaud. Aucune résistance ou presque. Résignées. Je me demande encore si cette étrange expression dans leur regard était une sorte de prière sourde et muette, ou l’acceptation individuelle et collectivement partagée de faire partie, par leur sacrifice, d’un dessin symbolique qui dépassait déjà leur misérable existence en train de prendre fin. Cafards insignifiants dans la foule de toutes ces âmes qu’on appelle Humanité terrienne, cafards dont les traces ne saliraient même pas l’histoire

Les milliers de vidéos et films de cette première exécution populaire firent rapidement le tour du monde sur tous les réseaux sociaux. Mais une séquence, particulièrement esthétique au son de la marseillaise fredonnée par la ferveur de cette foule parisienne restera dans l’histoire avec plus de 2,5 milliards de vue en 24 heures à travers le monde.

Trace indélébile de l’histoire, cette séquence instantanée, qui fait d’un réalisateur anonyme une célébrité, conserve aujourd’hui le même statut symbolique que la photo de Danny le rouge devant les policiers de Paris en 1968 ou la tête du Ché immortalisée par Corda.

Du président de la France en 2025 il ne reste que ça ou presque, Manu 1er à 9 :32 ce Samedi 10 Septembre 2025, à peine plus de quelques kilos d’azote, potassium et phosphore organique une quinzaine de minutes plus tard et quelques lignes sans intérêt dans les manuels d’histoire :

Emmanuel Macron

Né le 21 dec. 1977 à Amiens. Exécuté le 10 Septembre 2025 à Paris
Dernier président capitaliste néolibéral de France 2017- 2025

24 mots, 142 caractères espaces compris, à l’heure où je vous parle certains estiment que c’est déjà beaucoup trop d’utilisation de ressources naturelles pour un personnage sans aucune importance et une séquence, certes intéressante mais pas si structurante que cela.

Pour moi qui découvre cet épisode j’ai le sentiment, au contraire, que cette journée du 10 septembre 2025 était assez éclairante de ce qu’a été et de ce qu’est encore la Ré-evolution.

Ce n’est pas juste une benne de copeaux de platanes et de chairs présidentielles qui sera utilisée ce jour-là mais des centaines, des milliers. Une rotation constante des 4 coins de Paris vers l’esplanade des Invalides, toute la journée, 16 heures durant, transformant la pelouse qui sépare la Seine de la coupole d’or en un champs où 4 andains parallèles d’un mélange riche de broya végétaux et de morceaux d’humains, furent aussitôt mis à profit par tous les corvidés, goélands et mouettes de Paris pour lesquels cette aubaine carnée fut saluée par un joyeux concert de cris et une danse aérienne de volutes emplumées.

10 :00, place de l’hôtel de ville, un mécène généreux et anonyme achète 15 mètres d’une belle corde de chanvre à 6 tourons au sous-sol de Bazar de l’hôtel de Ville. Quinze minutes plus tard cette même corde fera le tour du monde sur Tik Tok, dans une séquence magnifique de 55 secondes, durant laquelle, depuis la même fenêtre du salon Jean-Paul-Laurens où de Gaule prononçait le 25 aout 1944 le fameux «Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! » sera jeté le corps de la maire de Paris, de trop haut probablement, sa tête se séparant du reste de son buste quand le nœud coulant, fort bien fait au demeurant, fit son office de rupteur de vertèbres cervicales.

Les deux parties, une fois au sol, furent, elles aussi broyées en un mélange compostable direction l’esplanade du recyclage, dans l’alignement majestueux du pont Alexandre III accompagné des quelques tonnes de fragments appartenant précédemment à quelques conseiller de Paris, aides de camps de la première heure et dizaines de lèche cul en tout genre qui gravitent depuis la nuit des temps autour des gens de pouvoir. Les rats ne sont pas des animaux nuisibles, aucun de l’est,  mais transportent bien souvent autant de puces que de poils, et ce sont elles qui amènent la peste. Le fait est connu depuis Avicenne.

10 :25 le ministre de l’Intérieur arrêté par ses propres troupes, excédées de devoir répondre à des ordres politiques qui n’avaient plus aucun lien avec leur rôle de service du peuple dans le maintien d’un état de droit, est enfermé dans un sac en plastique transparent en présence des gaz concentrés de 3 grenades lacrymogènes, où il s’ébattra, fortement les premières 20 secondes puis avec de moins en moins de morve et conviction et de plus en plus de bave écumante aux lèvres pendant 3 longues minutes. Brulé, les yeux aveugles et rouges, presque inconscient, il est ensuite mis nu et émasculé et égorgé respectivement par deux grenades de désencerclement judicieusement collées à ses parties génitales et à sa gorge au beau milieu de la place Beauvau, sous les sourires satisfaits mais respectueux des représentants syndicaux les plus modérés des forces de police et de la sécurité civile. Enfin son corps disloqué sera broyé comme les autres par les agents des espaces verts de la ville de Paris pour rejoindre le compostage improvisé sur l’esplanade des Invalides.

Célébrités de la télévision à l’utilité infinitésimale, journalistes complaisants du pouvoir, éditeurs de presse complices de monde politique néolibéral dont le peuple ne veut plus, énarques des grands corps indéboulonnables et immuables piliers de la doctrine capitaliste, économistes suppos du système, anciens ministres et préfets, directeurs de banques et de groupes d’assurances, tous ces experts patentés collés aux plateaux de télé comme jadis les morpions aux couilles du bas clergé, gestionnaires de fond de pensions, traders, influenceurs et lobbyistes, généraux et colonels va-t’en guerre, responsables d’agences d’État, grands partons circulant en jets et bronzant sur des yachts indécents, et parasites en tout genre profitant du système sur le dos et le sang d’une population réduite au rôle du consommateur obéissant, sur tout le territoire national, ce sont plus de 6800 personnes qui furent condamnées et éliminées par la foule en moins 72 heures.

Puis ce fut l’accalmie. Une petite période de trouble résiduel. Un flottement.

Alors que tout le monde fustige, en votre temps, les 1% les plus riches comme responsables de tous les maux, en commençant par la dérive climatique, en passant par l’épuisement des ressources et le maintien d’un ordre esclavagiste moderne dans lequel la masse servile s’épuise au profit d’une élite qui construit les règles arbitraires de sa propre justification et subsistance, il aura suffi de décapiter, pardon d’étêter les 1% du 1% pour que la gorgone moderne tombe…comme une merde.

En terme médical ce fut une très bonne affaire, supprimer à la va-vite 80 grammes de tumeur pour sauver 80kg de chair encore utile. La bonne affaire. Un rapport bénéfice risque sans précèdent dans le domaine de la survie de l’espèce.

Ironie de l’époque et instantanéité de la circulation des images et des commentaires, de Londres à Tokyo, de Washington au Cap, de Moscou à Canberra, pas un pays ne fut épargné par ce soulèvement populaire qui démarra, à Paris, ce 10 septembre 2025 à 9 :32.

Estimation très proche de la réalité ce sont 780.000 personnes qui furent compostées et dont l’utilité ultime fut au moins agricole.

Moi qui ne suis pas un guerrier, qui prêche depuis mon premier engagement pour la non-violence, qui ai appris ces événements avec 60 ans de retard, je dois avouer qu’en terme d’efficacité, 780.000 têtes pour sauver 8 Milliards de personnes c’est vraiment le meilleur rapport qualité prix que l’on puisse espérer.

0,00975 % soit moins de 1/10.000 de la population transformée en engrais vert pour sauver le reste de l’humanité, même Monsanto n’a jamais fait aussi efficace, qui plus est, mis à part les pesticides cachés dans les chairs molles de ces élites de pacotilles, on peut considérer que c’est du Bio.

Il ne reste dans les livres d’histoire et les bases de données les noms d’à peine quelques centaines d’entre eux, aux biographies très courtes ou inexistantes. Aujourd’hui, dans un monde où chacun a une conscience aigüe du vivant il ne viendrait à personne l’idée d’utiliser des ressources pour conserver la mémoire de ceux dont la cynique et inique inaction a mené l’humanité aussi près de sa propre perte. Pour le reste c’est du mou, ou un reliquat d’humus, organique forcément.

Toute cette séquence, tout ce sang, n’était qu’une simulation, un jeu, Earth2050. Ce jeu Earth2050 a commencé petit, tout petit, comme une simple simulation de trajectoire décarbonée imposée et décidée à la conférence de Paris de 2015. En quelques mois la communauté hétérogène et mondiale de développeurs de ce jeu, aidée par les progrès fulgurants de l’ intelligence artificielle générative, a créé un véritable buzz. Earth2050 est devenu un outil de simulation puissant, addictif et citoyen, qui me semble finalement être le précurseur et une bonne illustration de la coopération international citoyenne qui a suivi et dont l’effet le plus personnel c’est quand même de pouvoir vous écrire aujourd’hui.

Plus d’un milliard d’humains en 2025 étaient sur cette plateforme, collaborative, open source, qui, d’une simple simulation de mode de vie pour arriver à cette neutralité carbone voulue en 2050, s’est vite transformée en simulation de trajectoires.

Aussi horrible qu’elle puisse paraitre, cette journée du 10 septembre 2025, celle que je vous ai décrite, et dont le réalisme parfait a clairement aidé à son succès,  était le scénario le moins sanglant, la plus pacifique de toutes les trajectoires possibles. D’après François, qui n’en n’a gardé et ne m’en a montré que quelques-unes, les trajectoires les plus inhumaines, les plus fatales, sont ces simulations dans lesquelles la population ne faisait rien, les dirigeants arcboutés sur leur système délétère, laissant le changement climatique et le néolibéralisme « créer de la valeur » dans les pas et sur les cadavres de populations déplacées, les bruits de bottes, au son de la peur, des injonctions xénophobes et du rejet de l’autre. Les victimes, anonymes dans ces autres cas, se comptaient pas millions, sur les bords des routes, sur les berges après les crues, dans le guérillas urbaines, et jonchant les plages à marées basses.

S’il y a quelque chose que j’ai appris de ma rencontre avec François pendant ces deux jours, et que cette simulation illustre, c’est que l’inaction finit toujours plus mal que l’action. C’est pour cela que je vous parle de ce jeu Earth2050 et de cette simulation d’un 10 septembre révolutionnaire fantasmé, simulée, scénarisée, jouée.

Si votre prochain 10 septembre 2025 n’aura pas lieu comme décrit, Earth2050 et ces nombreux scénarii ont au moins permis de créer une sorte d’électrochoc salutaire pour un peu plus d’humanité. Et au moment où vous lisez ces lignes, quelque part, les premières lignes de code sont déjà en train d’être écrites.

Il commence à être tard. Demain nous repartons en train bus pour aller à la frontière espagnole catalane.

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